La marche urbaine pour façonner la ville, un rapport collectif à arpenter
Le groupe de travail prospectif RBR-T (Réflexion Bâtiment Responsable & Territoire) initié par le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, par le biais du Plan Bâtiment Durable, engage des recherches et réflexions pour le futur de la construction neuve en France. Invitée à la conception et à la rédaction de la note dédiée à la Marche en Ville, De la Friche au Projet collabore avec Bernard Roth, chercheur et conseiller indépendant à l’Institut d’études Immobilières et Foncière I.E.I.F., et Pauline Detavernier, architecte et chercheuse en architecture.
L’étude synthétise un état de l’art de cette pratique partagée par tout un chacun, et dégage des pistes de réflexions à l’échelle du rez-de-ville. En particulier, le trottoir, encore peu et mal défini juridiquement, se révèle être une pièce urbaine centrale dans l’élaboration de la ville durable.
La note expose diverses modalités d’analyse de la pratique de la marche en ville. Une approche chronotopique par exemple, directement issue des travaux de Gaston Bachelard et d’Henri Lefebvre, intégrera dans sa réflexion sur la relation entre espace bâti et rythme de vie, des études telles que l’urbanisme d’itinéraires, la programmation d’espaces urbains traversés à pied, les rythmes d’occupation du trottoir, etc. Ou encore, les études de « marchabilité » – de l’américain Walkability – qui offrent aux collectivités et aux politiques publiques une approche suivant des paramètres mesurables et quantifiables afin de déterminer le « potentiel piéton » d’une ville.
Pour autant, on ne peut se contenter d’aborder cette pratique par ces seuls prismes :
« La marche considérée par l’aménageur comme un simple mode de déplacement ou pratiquée comme une sorte d’hygiène quotidienne à des fins de santé ignore l’expérience singulière qu’elle constitue pour celui ou celle qui s'y adonne ».
Cet art du déplacement engage une « relation affective » à la ville, pour reprendre les mots de l’anthropologue David Le Breton et induit un rapport singulier à l’environnement urbain. En d’autres termes, le paysage, façonné par les collectivités et les aménageurs, vécu au quotidien par le marcheur, et pour lequel un Droit à l’incertitude, tel que défendu par le paysagiste Gilles Clément, ne doit pas être laissé de côté…
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