La qualité d’usages de nos environnements
Une responsabilité sociale et politique
Guillaume Saraf, propos rapportés
À l’occasion des 50 ans de l’association des anciens étudiants du cycle Urbanisme de Sciences Po, le directeur délégué général à l’immobilier et à la logistique à l’Université de Lille, Guillaume Saraf, délivre ici une analyse en marge des discours attendus sur les enjeux de la programmation et la responsabilité politique et sociale d’une maîtrise d’ouvrage publique*.
Interrogé sur l’activité de la promotion immobilière, le constat de Guillaume Saraf est sans appel :
[Cette dernière est] globalement conduite par l’efficacité économique, elle est incitée à la reproduction de recettes et de produits… c’est lié à la volonté de ne pas trop prendre de risque commercial. L’aversion au risque conduit les promoteurs à être très conservateurs sur la production architecturale. […] Pour limiter les risques et augmenter la liquidité (éviter la vacance qui est le risque principal des foncières), il faut construire des immeubles modulables, flexibles et donc normalisés… Tout cela concourt à une architecture relativement banalisée […], y compris quand on prétend faire des immeubles extraordinaires. Avec un recul de 20 ans sur l’immobilier, il me semble que les grands fondamentaux de ce qui conduit à orienter la production immobilière sont demeurés les mêmes : l’investissement et le rendement.
Cet ancien étudiant d’HEC et de Science Po (urbanisme), a choisi, pour faire ses premières armes dans l’élaboration de la ville, un métier qu’il qualifie « d’“efficace” à l’échelle du temps ». Au sein de la filiale de promotion de la foncière Affine, il prend la mesure des enjeux d’investissement dans le monde de l’immobilier et plus particulièrement pour la structuration des foncières. Il en comprend les arcanes et les rouages et aspire progressivement à œuvrer du côté de la maîtrise d’ouvrage publique, dont il souligne « la capacité à orienter ou concourir à la création d’espaces avec de la qualité d’usage. »
Il prend alors la direction du pôle AMO d’Icade Conseil – et collabore avec Sarah Werteimer qui rejoint pour un temps son équipe – avant de rejoindre, en 2013, l’Université de Lille. Il trouve là le lieu où concrétiser ses convictions :
« Lorsqu’on intervient sur la ville, et sur le bâti en particulier, on a une responsabilité sociale et politique, puisque l’on dessine l’environnement quotidien de populations futures.»
Il complète :
La qualité architecturale et la qualité d’un projet démarrent et se jouent essentiellement dans la phase de programmation, avant même qu’on commence à dessiner le projet. Ce travail de définition des besoins, souvent sous-estimé, est généralement contraint par le temps, en particulier dans la production immobilière privée. Dans la production immobilière publique, en étant son propre maître d’ouvrage, on peut se permettre de consacrer plus de temps aux études et à cette préoccupation de bien cerner les besoins.
C’est pourquoi il participe au développement, au sein de la direction de l’immobilier, d’une direction de la programmation. Cette dernière place les échanges avec les futurs utilisateurs au centre de sa pratique pour une définition la plus précise des besoins. Il conclue : « Je suis intimement convaincu que la qualité de la conception doit s’exercer dans un dialogue et un travail itératif avec la maîtrise d’œuvre, pour s’assurer que nous répondons bien aux besoins identifiés. »
* L’intégralité de l’entretien, publié en janvier 2022, peut être lue sur ce lien
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