Voici Périscope, un outil pour voir loin tout en restant attentif à ce qui se passe à proximité. Surtout, Périscope met en partage des réflexions, sujets et cas d’études porteurs des pratiques que nous regardons et soutenons. Un outil pour garder l’œil alerte et observer la fabrique de nos environnements urbains avec toujours plus de curiosité et d’ingéniosité.
Périscope #3 : Arpenter les cartes
Lire entre les lignes, suivre les courbes de niveau, prendre une distance critique et analytique, offrir un autre regard, puis retourner au terrain, pour confronter la lecture de la carte à celle du territoire. Étant moi-même géographe de formation, la cartographie a toujours été pour De La Friche Au Projet, un sujet d’intérêt particulier. Dans sa capacité à sensibiliser très efficacement un large public à des problématiques parfois très complexes, dans ses qualités plastiques et sensibles tout comme dans sa puissance de synthèse, dans les strates de lectures qu’elle offre, à la fois sociale, politique, économique, paysagère, historique… savoir identifier et analyser ces différentes qualités permet de nous positionner, physiquement et idéologiquement dans le monde qui est le nôtre.
Après un été caniculaire, marqué par les pics de chaleurs inédits, les mégafeux partout dans le monde, les tremblements de terre et les inondations dévastatrices, se saisir des cartes semblent aujourd’hui plus que jamais nécessaire pour comprendre et agir. Nous ne pouvons qu’encourager à prendre en main ces outils puissants et en partager quelques-uns, que nous consultons et utilisons, chez De La Friche Au Projet, pour nous aider à mieux comprendre et appréhender la société à laquelle il nous importe de contribuer.
Qu’il s’agisse des cartographies radicales exposées dans le dernier ouvrage de Nepthys Zwer, spécialiste de l’œuvre d’Otto Neurath, et du géographe Philippe Rekacewiz, ou des représentations cartographiques que partagent quotidiennement sur les réseaux Maxime Blondeau et Clément Gaillard pour sensibiliser aux impacts des dérèglements climatiques, des cartes des anciens cheminements au sein de la forêt du Domaine de Villarceaux ou des plans historiques de Paris qui révèlent la naissance du site de l’hôpital de la Rochefoucauld, ces grilles de lectures mises à notre disposition sont de formidables vecteurs pour éveiller les consciences et aiguiser notre sens critique.
Pour cette troisième édition de Périscope, nous proposons une traversée en compagnie du remarquable travail cartographique de l’architecte Axelle Grégoire, largement diffusé au sein de l’ouvrage Terra Forma, Manuel des cartographies potentielles (avec Frédérique Aït-Touati et Alexandra Arènes, B42, 2019, 2023) qui invite à redécouvrir ce que nous croyons si bien connaître, la planète Terre. En cette nouvelle rentrée, nous souhaitons à chacun d’arpenter les cartes et de lire le territoire, avec toujours plus de curiosité, d’engagement et d’agilité.
Périscope #2 : Pour une confiance collective
Depuis la création en 2020 de La Friche au Projet, force est de constater l’engouement et l’intérêt que suscitent ces terrains si particuliers que sont les friches. Urbanistes, ingénieurs, écologues, théoriciens, artistes, juristes, programmateurs, marcheurs… des acteurs d’horizons très variés se penchent sur l’histoire et le devenir de ces lieux. Et c’est une bonne chose que leur singularité, qui forge aussi leur complexité, implique des expertises multiples.
Ce Périscope est consacré à ceux qui, comme nous et avec nous, portent leur attention sur ces espaces pleins de promesses.
Nous rencontrons Fanny Vellin, avocate spécialisée dans le droit de l’environnement, au sein du cabinet CLP-Cliperton, découvrons le projet de l’Institut de la Transition foncière porté par Jean Guiony, arpentons les villes et analysons pour le RBR-T la pratique de la marche en ville, et parcourons les pages de l’ouvrage des auteurs et photographes Marie & Raphaël qui poussent les limites de la ville, à la découverte d’imaginaires retrouvés. Le tout, en compagnie de l’architecte Nigel Peak, dont les dessins invitent à se perdre dans les trames de la cité (www.nigelpeake.com).
Bonne lecture à vous.
Périscope #1 : L’œil alerte
« La qualité architecturale et la qualité d’un projet démarrent et se jouent essentiellement dans la phase de programmation », déclare Guillaume Saraf, directeur délégué général immobilier et logistique à l’Université de Lille, dans un entretien qu’il accorde aux anciens étudiants du cycle urbanisme de Science Po. Nous partageons, dans cette synthèse, son point de vue.
Pour mener à bien la phase de programmation, il nous faut comprendre le territoire par l’entremise de ceux qui l’habitent, le font vivre, y travaillent, l’imaginent… À Rouen, sur le site des Pépinières, nous sommes allés à leur rencontre et, en levant les yeux, nous avons fait la connaissance d’occupants inattendus : les faucons crécelles et leurs nichées, logés sous les toitures.
En scrutant ce qui se trouve à nos pieds, il arrive que l’on découvre dans la fissure d’un béton, une fourmi qui tire une brindille ou une fleur qui vient d’éclore. À la manière d’Audrey Muratet, Myr Muratet et Marie Pellaton dans leur ouvrage Flore des friches urbaines, nous voulons observer, presque avec des yeux d’enfant, ce que le territoire possède déjà comme promesses.
C’est un autre potentiel propre à une ville ou à un bâtiment que révèle la startup lilloise Unéole. Avec un outil spécifiquement développé pour le calcul et l’analyse des potentiels venteux d’un territoire, l’entreprise élabore, en complément du cadastre solaire existant, un cadastre éolien pour proposer un diagnostic énergétique croisé et sur mesure.
Ces approches, génériques dans leur capacité à être déployées dans de multiples contextes, offrent pour autant une réponse toujours spécifique et singulière. Ce sont des expériences et témoignages qui invitent à regarder autrement la ville en construction et à repenser sans cesse notre métier. Il nous importait de les partager.
De La Friche au Projet vous souhaite une lecture stimulante et un regard toujours plus curieux et alerte !